Pénitence, Confession, Repentir Définition, Sacrement de Réconciliation
1. Regret d'avoir offensé Dieu, accompagné de l'intention de ne plus recommencer; contrition, repentir: Elle a fait pénitence.2. Peine imposée au pénitent par le confesseur: Accomplir sa pénitence.
3. Peine infligée à qqn pour le punir: Pour ta pénitence, tu ne regarderas pas le film ce soir (châtiment).
Faire pénitence, c'est implorer le pardon de Dieu. Le mot s'est peu à peu confondu avec les diverses pratiques de pénitence. Pour l'essentiel, la pénitence vise à la réparation de la faute commise. Elle est le signe de la "conversion" à laquelle le Christ nous a tous appelés : "Convertissez-vous et croyez à la Bonne Nouvelle" (Mc 1, 15).
L’homme a toujours eu, plus ou moins vive, la conscience du mal dans le monde et en lui-même ; les rites pénitentiels de réconciliation tiennent une significative place dans religions, comme en témoignent les textes de prières implorant le pardon.
La Révélation de l’Ancien Testament contient de hautes figures de repentir — celle de David principalement (2 S 12, 13 ; Ps 50 ; cf. 2 S 24, 10) — et d’admirables formules de confession (Ne 9 ; Dn 9, 4-19 ; passim dans les Psaumes). Yahvé qui, seul, peut pardonner, montre qu’il remet le péché par la parole des prophètes, mais aussi par son action dans les cœurs et par ses hauts faits en faveur du Peuple repenti.
La permanence du péché en dépit des alliances rend de plus en plus ardente l’attente d’un Rédempteur véritablement capable de donner au Peuple un cœur nouveau (cf. Ez 36, 26). Quand Jésus, le Sauveur, apparaît, il se manifeste essentiellement comme celui qui pardonne les péchés, et qui vient donner aux hommes qu’il aura choisis le pouvoir de pardonner (Mt 9, 1-8). Pierre, en effet, et les apôtres sont investi du pouvoir de lier et de délier les péchés (Mt 16, 19 ; 18, 18 ; Jn 20, 23).
L’histoire de la pratique ecclésiale du sacrement de la pénitence ou de réconciliation est complexe. Initialement réservé aux fautes graves et publiques, le sacrement comportait un aveu et une réconciliation également publics ; il n’était guère réitérable. Progressivement, la pénitence s’est appliquée aux péchés tout intérieurs, et sa fréquence s’est développée ; en 1215, le IVe concile de Latran prescrit la confession annuelle.
Si le sacrement de la pénitence est requis pour recouvrer la grâce après tout péché grave ayant remis en cause l’amitié du chrétien avec Dieu, il reste vivement conseillé même en dehors de toute faute « mortelle » à l’amour ; il est alors au service d’une délicatesse d’amitié, et c’est en ce sens que les religieux doivent veiller à se confesser fréquemment, comme le leur demande l’Église.
Réconciliation d’amitié, la pénitence restaure le lien qui unit le pénitent à Dieu et à l’Église. Les actes du pénitent sont la contrition ou sentiment douloureux d’avoir peiné Dieu et ses frères, la confession orale des péchés, et la satisfaction proposée par le prêtre ; il est clair que la contrition est la plus importante et met en jeu, déjà, la grâce de Dieu.
L’absolution est l’acte du prêtre, représentant Dieu et l’Église. La liturgie de la pénitence implique donc une rencontre entre Dieu et un membre de son Peuple, en vue de restaurer ou de renforcer l’Alliance, au bénéfice du pénitent et donc de toute l’Église.
ORIGINE ET HISTOIRE DU SACREMENT DE RÉCONCILIATION
Pendant sa vie terrestre, Jésus a annoncé qu'il donnera à son Église, à Pierre et aux apôtres, le "pouvoir de lier et de délier" (Mt 16,19) càd d'admettre ou d'exclure, de condamner ou d'absoudre.C'est après sa résurrection, lors qu'il est apparu à ses disciples, qu'il leur a donné l'Esprit Saint et qu' il leur a dit : "Recevez le Saint Esprit. Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis; ceux à qui vous les retiendrez, ils leur seront retenus." (Jean 20, 22-23) Jésus leur a donné la mission de pardonner et c'est par le pouvoir de l'Esprit Saint qu'ils peuvent remettre les péchés.
Cette mission de l'Église réalise ce que Jésus avait déjà fait par sa souffrance et par sa mort "en versant son sang pour la rémission des péchés". (Mathieu 26,28) Il y a un lien étroit entre la passion de Jésus et le sacrement du pardon par l'Église.
Le premier sacrement de la rémission des péchés est le baptême qui remet le péché originel et les péchés personnels des adultes. "Que chacun se fasse baptiser pour la rémission de ses péchés" (Acte 2,37-38) Mais pour ceux qui après le baptême retombent dans le péché, Dieu renouvelle son pardon.
L'institution du sacrement du pardon a donc été faite par Jésus. C'est lui qui est à l'origine du sacrement. Mais au cours de l'histoire, l'Église a été conduite à donner des formes diverses au sacrement de réconciliation.
LE SACREMENT DE PÉNITENCE
Le sacrement du pardon est l’acte de réconciliation par lequel le Seigneur nous ouvre à nouveau les portes du Royaume dont nous nous étions exclus par le péché. Dans ce sacrement, l’Église fait mémoire de l’obéissance du Fils qui nous a sauvé. Elle confesse l’actuelle fidélité du Père à son dessein bienveillant et prépare le Jour du Jugement en se faisant guider par l’Esprit Saint vers la vérité toute entière.LES ENJEUX
Pour les pécheurs que nous sommes, le recours au sacrement de pénitence est l’expression d’un retour à Dieu à nouveau confessé comme Père, Fils et Saint Esprit, principe et fin de toute notre vie. C’est aussi un retour à l’Église dont nous nous sommes séparés, Église reconnue et confessée comme communauté de ceux qui professent la vraie foi, lieu où renaître, prémices du Royaume à venir. Mais c’est aussi un retour à nous mêmes : nous étant éloignés volontairement de Dieu par le péché, nous sommes tombés en dessous de notre propre nature, comme l’enseignent les saints Pères.
La célébration du sacrement de pénitence est donc notre résurrection des morts par la puissance de l’Esprit Saint de nouveau accueilli, une nouvelle entrée dans la communion de l’Église, corps du Christ. C’est aussi le renouvellement de l’alliance avec le Père dans l’amour et la vérité, le recouvrement de notre nature véritable d’image de Dieu en communion avec son Modèle. C’est enfin la restauration de l’harmonie voulue par le Créateur entre l’homme et le cosmos qui lui est soumis. En somme, c’est le renouvellement de notre vie baptismale.
LE REPENTIR
Le recours au sacrement de pénitence exprime la conscience que nous avons de notre état de pécheur, de la rupture de l’alliance aimante avec Dieu que nous avons commise. Cette aliance est union transformante, nous préparant à entrer dans la vie trinitaire.
Dans le repentir nous reconnaissons que nous avons fui l’appel de Dieu à cause de notre convoitise, volonté orgueilleuse de nous conduire nous-mêmes en totale liberté, nous faisant juges pour nous-mêmes du bien et du mal. Ce faisant, nous avons dévoyé le désir de l’éternité qui est un don de Dieu en recherche du plaisir. Nous nous sommes livrés à l’esclavage de nos passions et de nos désirs mauvais, encouragés par le Menteur, le Démon, qui promet toujours : Vous serez comme des dieux (Gn 3,5).
Dans le repentir nous reconnaissons notre impuissance à nous sortir du piège où nous nous sommes jetés. Nous confessons notre incapacité à nous procurer le remède à nos iniquités : Quand tu te lessiverais à la potasse, ton iniquité resterait marquée devant toi (Jr 2,22).
C’est pourquoi dans le repentir nous attendons le salut de Dieu seul. Et puisque nous n’avons aucune excuse à présenter pour nos péchés, la seule raison de notre espérance en Dieu n’est autre que lui-même. Nous confessons sa fidélité. Nous comprenons sa colère et sa jalousie comme l’image de son ardent amour pour nous. Bien qu’indignes, nous rappelons à Dieu sa propre parole : Reviens Israël… Je n’aurai plus pour toi un visage sévère, car je suis miséricordieux (Jr 3,6 ;12).
Bien plus, nous faisons mémoire de l’obéissance de son Fils Jésus. Nous représentons au Père qu’il a donné sa vie par amour pour les pauvres et les pécheurs que nous sommes. Mais nous confessons cependant que nous n’avons aucun droit à faire valoir pour être réconciliés. C’est ainsi que nous est donné par grâce un cœur broyé dont Dieu n’a pas de mépris (Ps 50,19).
LA PRÉPARATION
La confession des péchés est souvent précédée par une lutte contre la tentation de s’y soustraire. On remarquera que mille prétextes se présentent pour y échapper, ou si notre volonté est ferme sur ce point, mille pensées se pressent pour rendre l’aveu de nos fautes plus anodin. Tout ceci est une tentation à laquelle il convient de ne pas céder car on en viendrait rapidement non seulement à pécher, mais aussi à justifier ses errances, et enfin à les considérer comme tellement normales qu’il n’y aurait même plus besoin de les justifier. Parmi d’autres ruses, si nous avons une conscience plus délicate, le Démon peut essayer une autre voie : nous faire croire que nous sommes devenus indignes d’avoir recours à Dieu. Son but est, après avoir conduit à la chute, de nous plonger dans le désespoir.
La confession des péchés est précédée par la prière personnelle dans le silence et la solitude, prière de repentir accompagnée par l’examen sérieux des offenses commises à l’encontre du Seigneur, par le regret des fautes et la ferme décision, avec la grâce de Dieu, d’y porter remède. Prière d’action de grâces aussi, car celui que nous avons offensé, celui qui a subi la Passion pour les pécheurs que nous sommes, ne nous a pas abandonné mais a suscité, par la grâce de l’Esprit-Saint, le mouvement de notre cœur pour qu’il se tourne avec confiance vers le Père des miséricordes.
La confession des péchés est aussi précédée par un ferme propos : le désir de se laisser désormais guider par la Sagesse évangélique, dans la tradition des Pères qui nous ont enseigné les voies de sa vie spirituelle, afin de vivre en communion avec Dieu, qui, seul, nous justifie et nous unit à lui pour la vie éternelle.
La confession des péchés est encore précédée par le pardon des offenses, condition nécessaire pour être soi-même pardonné (cf. Mt 6,12-15 ; 18,23-25 ; Lc 17,3-4).
Bref, au terme de cette préparation, le pénitent croit et confesse la fidélité divine malgré ses propres infidélités. Se fondant sur la parole même de Dieu, il espère le renouvellement de l’alliance qui le fera à nouveau citoyen du Royaume, membre de l’Église catholique, destiné à partager la vie éternelle avec tous les saints qui l’ont précédé dans le festin des noces, eux qui intercèdent maintenant pour lui. Le pénitent aime enfin. Dans un acte d’abandon à la miséricorde du Père, il renonce à lui-même et à sa volonté propre, se livre au Christ Sauveur et à l’Esprit vivifiant pour être conduit sur le chemin du salut.
Le pénitent, se préparant à la célébration du sacrement du pardon, attend sa réconciliation et une parole de salut qu’il a le ferme propos de mettre en pratique. C’est pourquoi le pénitent prie pour que Dieu donne à son confesseur sagesse et discernement, humilité et compassion.
ATTITUDE INTÉRIEURE DURANT LE SACREMENT
La confession des péchés requiert la simplicité. Le pénitent n’a pas à avoir honte, mais à se repentir, ce qui est bien différent. Le prêtre en présence de qui se confesse ses fautes est un pécheur comme lui, et qui le sait bien. Le ministère du confesseur ne consiste pas à juger, mais à compatir, à intercéder, à pardonner au nom du Seigneur et à déterminer les remèdes appropriés pour aider à la conversion.
Le pénitent ne doit pas avoir peur de la gravité de ses fautes. Le larron a été pardonné, Pierre aussi qui avait renié le Christ. Le pénitent ne doit craindre le confesseur, même s’il est d’aspect sévère et rude. Car il est courant de constater que l’humilité, la sincérité, la simplicité de la confession convertissent celui-là même qui a été charger de pardonner au nom du Seigneur. On peut même dire que c’est la volonté d’obéir du pénitent qui donne à son confesseur la sagesse et la prudence. Le confesseur, il faut le rappeler, est tenu au secret de façon très stricte, non seulement en ne divulguant pas ce qui lui a été révélé, mais aussi en ne changeant pas son attitude habituelle envers le pénitent à cause de ce qui lui a été révélé. Sauf, bien sûr, dans le sens d’une plus grande charité. S’il s’avérait qu’un prêtre ait manqué à ce devoir, il serait nécessaire d’avoir recours à son évêque pour que celui-ci prenne les dispositions prévues.
La confession, adressée à Dieu qui connaît nos manquements bien mieux que nous-mêmes, doit donc être complète (ne pas avouer le moustique en dissimulant le chameau), exacte (en disant simplement les circonstances aggravantes), claire (sans user d’habiles périphrases), sobre (sans vaine complaisance dans l’aveu, non plus), et humble (acceptant comme un remède salutaire la pénitence éventuelle indiquée par le confesseur, même s’il s’agit de l’abstention momentanée de la communion eucharistique). Le véritable repentir amène le pénitent à n’incriminer que lui-même sans s’excuser ni, par de pseudo aveux, dénoncer et accuser d’autres personnes.
QUELQUES CONSÉQUENCES PRATIQUES
La confession nécessite du temps. On s’organisera donc pour en avoir. La confession s’accomplit au cours d’un office liturgique. C’est une prière paisible et confiante, sous le regard de Dieu et en présence des anges et des saints qui ne cesse d’intercéder. Cette prière peut inclure un dialogue simple et vrai. En demandant au confesseur, le pénitent ne doit jamais craindre de déranger. Il considère plutôt cette crainte comme une tentation. Les prêtres, en communion avec leur évêque et mandatés par eux pour ce ministère, sont avec lui les intendants des Mystères de Dieu. Leur tâche principale, l’essentiel de leur activité, consiste à servir la sanctification de leurs frères. Les prêtres devraient être particulièrement disponibles pour cette forme de ministère auprès des pécheurs qui se repentent en droiture de cœur. A fortiori s’ils sont moines. Il ne devrait y avoir aucune raison au monde, hormis la célébration d’un autre sacrement, pour renvoyer un fidèle qui veut se réconcilier avec Dieu. Si Dieu est prêt à pardonner avant même que le pécheur ne se soit détourné, au nom de quoi pourrait-on remettre à plus tard ?
La confession, comme la communion, doit être régulière. Le recours au sacrement de pénitence, compris comme un moyen de sanctification et de progrès spirituel personnel, tend naturellement à devenir fréquent, puisque la croissance dans l’amour divin rend d’autant plus sensible le malheur d’avoir blessé celui qui nous a tant aimé. Cette expérience vivante permet de comprendre de l’intérieur le sens de la conjonction entre pratique de la pénitence et participation à la célébration eucharistique enseignée par l’Église : l’une est ordonnée à l’autre dans le mouvement de notre communion à la vie trinitaire.
La relation du pénitent avec son confesseur est sous le signe de la liberté. Les confesseurs sont des serviteurs, à l’image du Seigneur qui s’est fait Serviteur de tous, même de ceux qui méprisaient son service. Infiniment patient, il n’agissait jamais par passion. Il n’usait pas de ruse ni ne contraignait, que ce soit par force ou par séduction. Les pénitents ne sont pas la propriété de leur confesseur, ni ses otages, troupeau obéissant pour conforter son désir de pouvoir : il est essentiel qu’ils grandissent dans la liberté, ne serait-ce que pour pouvoir l’offrir à Dieu dans une vraie obéissance, condition et expression de l’amour véritable. Si le pénitent doit veiller à ne pas se laisser infantiliser par un confesseur-gourou, il ne doit pas non plus en venir à la luxure, sans doute purement formelle, mais pas moins perverse, d’idolâtrer celui qui n’est pour lui que l’intendant de la grâce. Le confesseur véritable désigne toujours, au-delà de lui-même, celui qui l’a envoyé.
La coutume de " demander la prière (d’absolution) ", c'est-à-dire de demander l’absolution sans aveu des fautes, ne saurait se justifier si elle n’était que le moyen commode d’échapper au caractère pénible de l’aveu. Si l’on comprend que la tradition catholique invite les fidèles à se repentir en tout temps, même quand leur conscience ne leur reproche rien, on doit cependant rappeler que cette repentance ne s’exprime pas obligatoirement par le recours au sacrement de pénitence. D’autres voies sont ouvertes pour accéder au pardon divin. L’Église catholique, par exemple, sait bien que la prière pour demander pardon est celle qui est le plus sûrement exaucée puisqu’elle correspond exactement à la volonté salvifique de Dieu. Dès lors seule la pureté de notre intention est à examiner. Elle sait aussi que la pratique de l’ascèse évangélique, d’une vie de pénitence, est une réelle purification. Si donc la conscience du fidèle ne lui reproche pas de manquements graves, qu’il communie, après avoir jeûné et prié, demandant intérieurement le pardon de inévitables infidélités. Qu’il pardonne les offenses qui lui sont faites avec humilité et pratique les œuvres de miséricorde, particulièrement l’aumône, qui est icône de la divine bienveillance.